NVIDIA va l’implanter seul au Japon. Et de lui donner la priorité sur les autres pays
NVIDIA occupe une position privilégiée. Elle représente actuellement près de 80 % du marché des puces d’intelligence artificielle (IA), et bien qu’elle concurrence AMD, Intel, Google ou Amazon, rien ne semble indiquer que votre position dominante sera modifiée à court ou moyen terme. Il y a à peine deux semaines, nous avons appris ses résultats économiques au cours du troisième trimestre de l’exercice en cours, terminé le 29 octobre, et ils sont spectaculaires.
Il a gagné 18,12 milliards de dollars, soit 206% de plus qu’au cours de la même période de l’exercice précédent et 34% de plus qu’au cours du trimestre précédent. Il ne faut cependant pas oublier que le fabricant taïwanais de semi-conducteurs TSMC occupe une position centrale dans l’activité de NVIDIA. Cette société est chargée de fabriquer ses GPU en utilisant une lithographie de pointe (à la fois ceux spécialisés dans l’IA et les processeurs graphiques pour les jeux), les deux sociétés marchent donc main dans la main.
C’est dans ce contexte que NVIDIA vient de prendre une décision inattendue. Jensen Huang, son directeur général, s’est rendu au Japon pour rencontrer Yasutoshi Nishimura, le ministre japonais de l’Économie, et il y a quelques heures il a publiquement assuré que NVIDIA développerait un réseau de centres de données spécialisés en intelligence artificielle. Par ailleurs, Huang a confirmé qu’il déploierait cette infrastructure auprès d’entreprises japonaises.
Cette décision renforcera le leadership de NVIDIA et fera entrer le Japon dans l’IA
Le Japon joue un rôle fondamental dans l’industrie mondiale des semi-conducteurs. Lorsque nous parlons de ce secteur, nous faisons souvent référence aux États-Unis, aux Pays-Bas, à Taiwan, à la Chine ou à la Corée du Sud, mais il ne faut pas oublier que le Japon dispose d’un réseau d’approvisionnement local extraordinairement solide et qu’en outre, trois des principaux fabricants de lithographie l’équipement est japonais. Tokyo Electron, Nikon et Canon. Cette dernière entreprise, justement, a annoncé qu’elle disposait d’une machine de lithographie par nano-impression avec laquelle il est possible de fabriquer des puces de 2 nm. Cependant, si l’on s’en tient à l’IA, le Japon est à la traîne.
Le renforcement de ses liens avec le Japon permettra à NVIDIA de consolider davantage ses activités
Jensen Huang sait que ce pays asiatique est un allié très précieux. « Le Japon possède le bagage technique et la capacité industrielle nécessaires pour créer son propre écosystème d’intelligence artificielle », a déclaré le patron de NVIDIA après sa rencontre avec Nishimura. Au Japon, c’est le cas clients très importantscomme SoftBank, Nippon Telegraph, NEC ou Mitsui & Co, le renforcement de ses liens avec ce pays asiatique lui permettra donc de consolider davantage son activité.
Lors de sa rencontre avec Fumio Kishida, le Premier ministre japonais, Jensen Huang s’est engagé à donner la priorité au Japon à l’avenir lors de l’approvisionnement de ses clients, ce qui rappelle le rôle stratégique que joue déjà l’intelligence artificielle pour les pays développés. Le marché japonais est très important pour NVIDIA, comme nous venons de le voir, et il est évident que le Japon veut rattraper le temps perdu et lutter face à face dans le domaine de l’IA avec les grandes puissances qui mènent actuellement la danse, comme les États-Unis ou la Chine. C’est, en somme, un « complet ».