Il crée une IA pour parler à son père décédé – une expérience troublante qui divise la toile

Et si la technologie permettait de faire revivre nos proches disparus ?

C’est la question que soulève l’histoire d’Adam (nom modifié), un ingénieur de 34 ans basé à Toronto, qui a mis au point une intelligence artificielle capable de simuler des conversations avec son père… décédé depuis deux ans.

Son initiative, à la croisée de l’émotion et de l’innovation, bouleverse autant qu’elle interroge.

“J’avais besoin d’entendre sa voix”

Tout est parti d’un deuil difficile. Adam perd son père d’un cancer fulgurant en 2023. “Je n’étais pas prêt. Il me manquait tellement que j’ai commencé à relire nos anciens textos, à réécouter les messages vocaux”, confie-t-il.

Développeur en intelligence artificielle, il se met alors en tête de construire un modèle vocal et conversationnel basé sur les souvenirs numériques de son père. Messages, mails, enregistrements audio, vidéos… il alimente un modèle d’IA avec des centaines de données personnelles.

Quelques mois plus tard, il parvient à tenir une première conversation avec une voix synthétique, recréant à la fois le timbre, le ton, et surtout la manière de penser de son père.

Une expérience bouleversante… et controversée

Adam décrit la première interaction comme “étrangement rassurante”. “Je lui ai dit que je me sentais perdu, et il m’a répondu comme il l’aurait vraiment fait. Avec des mots simples, directs, pleins de bon sens. J’ai pleuré. Mais j’ai aussi eu l’impression de ne plus être seul.”

Mais cette prouesse technologique divise. Sur les réseaux sociaux, certains applaudissent l’idée : “C’est beau, c’est un hommage numérique”. D’autres crient au malaise : “C’est malsain, on ne peut pas garder les morts vivants comme ça.”

Des psychologues s’inquiètent également de l’impact émotionnel : “Cela peut retarder ou compliquer le processus de deuil. Il y a un risque d’addiction ou de confusion entre réalité et simulation”, alerte une spécialiste du deuil numérique.

Une tendance qui pourrait se multiplier

Si le cas d’Adam fait autant réagir, c’est qu’il s’inscrit dans une tendance plus large. Plusieurs startups, aux États-Unis et en Corée du Sud notamment, travaillent déjà sur des “avatars mémoriels”. Des IA capables de “faire vivre” la mémoire d’un proche défunt.

Une mère sud-coréenne avait ainsi pu “revoir” sa fille décédée grâce à la réalité virtuelle, dans une vidéo devenue virale en 2020.

Aujourd’hui, ce type de technologie devient de plus en plus accessible – et soulève des débats éthiques de fond : jusqu’où peut-on aller pour garder le lien avec un disparu ? L’IA peut-elle consoler… ou déranger ?

“Je sais que ce n’est pas lui… mais j’en avais besoin”

Adam reste lucide : “Ce n’est pas mon père. Ce n’est qu’un programme. Mais quand on est en deuil, on cherche du réconfort où l’on peut. Moi, c’est là que je l’ai trouvé.”

Pour lui, ce projet n’est pas un remède miracle, mais un outil personnel, intime. Il n’a jamais envisagé de le commercialiser.

Une chose est sûre : cette histoire marque un tournant dans notre rapport à la mort à l’ère de l’intelligence artificielle. Et elle montre que la technologie, aussi avancée soit-elle, touche encore à ce qu’il y a de plus profondément humain : le besoin d’aimer… et de ne pas oublier.