Robot social ou avatar numérique, les utilisateurs interagissent avec cette technologie d'IA comme si elle était réelle
Les humains interagissent plus que jamais avec l’intelligence artificielle (IA) — depuis le développement des premiers « robots sociaux » (un robot avec un corps physique programmé pour interagir et interagir avec les humains) comme Kismet dans les années 1990 jusqu’aux enceintes intelligentes comme Alexa d’Amazon.
Mais cette technologie modifie la façon dont les humains interagissent avec elle – et entre eux.
Nos nouvelles recherches ont porté sur la façon dont les humains interagissent avec des robots sociaux ou des avatars numériques, des chatbots virtuels conçus pour ressembler à un humain et interagir comme lui sur un appareil. Ces derniers sont conçus pour augmenter l’interaction humaine avec eux.
Les robots sociaux comme ElliQ et Pepper sont populaires en Europe, au Japon et aux États-Unis, notamment pour aider les personnes âgées. La Nouvelle-Zélande a été plus lente à adopter ces technologies.
Depuis la pandémie, les robots sociaux et les avatars numériques sont utilisés pour répondre à des problèmes tels que la solitude et les problèmes de santé mentale. Dans le cadre d'une expérience écossaise menée pendant la pandémie, des personnes ont été initiées au robot social « Pepper » lors de conversations vidéo régulières. Les chercheurs ont constaté que les interactions amélioraient l'humeur des participants.
Compte tenu des incertitudes entourant l’utilisation à long terme de ces types de technologies, les chercheurs et les décideurs politiques ont la responsabilité de se demander comment celles-ci affecteront les humains, individuellement et dans la société au sens large.
Les réponses humaines à l’IA
Les recherches ont déjà établi que ces types de technologies jouent un rôle de plus en plus important dans les relations sociales humaines, entraînant des changements dans la manière dont les gens établissent des connexions et des relations.
Notre étude a consisté en des entretiens approfondis avec 15 participants de Nouvelle-Zélande, d’Australie et d’Europe, ainsi qu’en une analyse plus large des données. Nous avons constaté que lorsque les gens interagissent avec des robots sociaux ou des avatars numériques, deux choses se produisent simultanément.
Tout d’abord, les utilisateurs ont eu des réactions physiques et émotionnelles face à la technologie de l’IA. Ces réactions étaient en grande partie inconscientes.
Un utilisateur, par exemple, a déclaré qu'il avait « inconsciemment tendu la main, voulant toucher le [AI avatar’s] « Cheveux » sur l’écran. Il s’agissait d’une réponse instinctive : le participant voulait utiliser ses sens (comme le toucher) pour interagir avec l’avatar numérique. Un autre participant a inconsciemment souri en réponse au sourire d’un robot social.
Deuxièmement, les utilisateurs ont également tiré un sens de leur interaction avec la technologie d'IA grâce à l'utilisation d'un langage, de concepts et d'une communication non verbale partagés. Par exemple, lorsqu'un participant fronçait les sourcils, l'avatar numérique répondait en ayant les « yeux vitreux », comme s'il était contrarié par l'expression du participant.
Ces formes de communication non verbales partagées ont permis aux participants d’avoir des interactions significatives avec la technologie.
Les participants ont également développé un certain niveau de confiance dans le robot social IA ou l’avatar numérique. Lorsque la conversation se déroulait, les utilisateurs oubliaient qu’ils étaient en relation avec une machine.
Plus les robots sociaux et les avatars numériques avaient une apparence humaine, plus ils semblaient vivants et crédibles. Les participants ont ainsi oublié qu'ils utilisaient une technologie, car celle-ci leur semblait « réelle ».
Comme l'a dit un participant : « Même les gens cyniques oublient où ils sont et ce qu'ils font. Ils sont à mi-chemin entre la suspension de l'incrédulité qu'un système puisse avoir une conversation aussi sophistiquée et le plaisir d'être en relation avec un « autre ». »
Les robots sociaux et les avatars numériques basés sur l'intelligence artificielle partagent de plus en plus les mêmes espaces en ligne et « en personne » avec les humains. Et les gens essaient d'interagir physiquement avec la technologie comme s'il s'agissait d'un humain.
Un autre participant a déclaré : « J'ai un certain lien spirituel (avec l'avatar numérique de l'IA) parce que j'ai passé beaucoup de temps avec elle. »
De cette façon, la fonction de la technologie est passée d’une aide à la connexion entre les humains à celle d’objet d’affection lui-même.
Naviguer dans le futur de l'IA
Tout en reconnaissant les avantages des technologies sociales de l’IA, notamment pour lutter contre la solitude et les problèmes de santé, il est important de comprendre les implications plus larges de leur utilisation.
La pandémie de COVID-19 a montré avec quelle facilité les gens pouvaient passer des interactions en personne aux communications en ligne. Il est facile d’imaginer comment cela pourrait encore évoluer, par exemple lorsque les humains se sentiront plus à l’aise pour développer des relations avec la technologie sociale de l’IA. Il existe déjà des cas de personnes recherchant des relations amoureuses avec des avatars numériques.
La tendance des gens à oublier qu’ils interagissent avec des technologies sociales d’IA et à avoir le sentiment qu’elles sont « réelles » soulève des inquiétudes quant aux liens non durables ou malsains.
Alors que l’IA s’impose de plus en plus dans la vie quotidienne, les organisations internationales reconnaissent la nécessité de mettre en place des garde-fous pour guider le développement et les utilisations de l’IA. Il est clair que les organismes gouvernementaux et réglementaires doivent comprendre et répondre aux implications des technologies sociales de l’IA pour la société.
La loi sur l'IA récemment adoptée par la Commission européenne offre une voie à suivre aux autres gouvernements. Elle prévoit des réglementations et des obligations claires concernant les utilisations spécifiques de l'IA.
Il est important de reconnaître les caractéristiques uniques des relations humaines comme quelque chose qui doit être protégé. Dans le même temps, nous devons examiner l’impact probable de l’IA sur la façon dont nous interagissons avec les autres. En posant ces questions, nous pourrons mieux naviguer dans l’inconnu.