Le gouvernement de Hong Kong a embauché un éminent scientifique en IA.  Son projet dépasse les frontières chinoises

Le gouvernement de Hong Kong a embauché un éminent scientifique en IA. Son projet dépasse les frontières chinoises

Yang Hongxia n'est pas qu'un simple gourou de l'intelligence artificielle (IA). Cette scientifique chinoise a passé une grande partie de sa carrière professionnelle chez IBM, Yahoo!, Alibaba et ByteDance, et est en grande partie responsable de les progrès de l'IA que ces deux dernières entreprises chinoises ont réalisé. Curieusement, sa carrière vient de prendre une tournure relativement inattendue. Et elle a été engagée par l'Université polytechnique de Hong Kong pour enseigner dans le département informatique de cet établissement d'enseignement.

A priori la portée de cette signature pourrait paraître restreinte, mais il n'en est rien. Il s’agit d’une démarche majeure orchestrée par le gouvernement de Hong Kong dans le cadre de sa stratégie visant à transformer cette grande ville chinoise en un pôle technologique international spécialisé dans les industries de l’IA et des semi-conducteurs. En fait, Yang Hongxia recrute déjà des doctorants et des chercheurs postdoctoraux souhaitant se spécialiser dans l’IA générative et les technologies informatiques décentralisées.

L'un des moments forts de la carrière de Hongxia est son implication, alors qu'elle travaillait chez Alibaba, dans le développement du grand modèle de langage M6, qui comporte 10 milliards de paramètres. Ce modèle est le prédécesseur du Tongyi Qianwen, également d'Alibaba. Quoi qu’il en soit, son retour dans le monde universitaire met sur la table l’intérêt du gouvernement chinois, et en particulier de l’administration de Hong Kong, à attirer dans le domaine universitaire des professionnels hautement qualifiés qui ont fait leurs preuves dans le monde des affaires.

Le plan directeur de Hong Kong est déjà en cours

Fin mars 2023, Regina Ip Lau Suk-yee, la présidente du NPP), parti politique conservateur très influent à Hong Kong, a publié un article très intéressant dans lequel elle défendait, entre autres idées, la mise en œuvre en sa ville de la stratégie qui a permis à Singapour de renforcer le développement technologique dont elle dispose actuellement. Le régime administratif spécial par lequel Hong Kong est gouvernée permet à la Chine d'utiliser cette ville comme banc d'essai et, selon Regina Ip, le gouvernement déploie un plan qui vise à transformer cette ville en un centre international de technologie et d'innovation clairement inspiré par Singapour.

Le régime administratif spécial régissant Hong Kong permet à la Chine d'utiliser cette ville comme banc d'essai

La Chine doit de toute urgence développer sa technologie pour surmonter les sanctions imposées par les États-Unis et leurs alliés. Elle dispose des ressources économiques et de l’écosystème industriel nécessaires pour y parvenir, mais pour le rendre possible le développement de ses technologies photolithographiques, qui constitue le plus grand défi rencontré dans le domaine d’une industrie stratégique comme celle des puces, a besoin de quelque chose de plus. Cela nécessite, selon la thèse défendue par Ip et d’autres experts, d’attirer les talents étrangers.

C’est précisément cette stratégie qui a permis à Singapour de maintenir le développement technologique qu’elle a favorisé ces dernières années. Cependant, la Chine ne considère pas l’avenir immédiat de Hong Kong uniquement comme le centre névralgique de son industrie des semi-conducteurs et de l’IA ; Elle prévoit également de rassembler dans cette ville ses forces de développement et d'innovation dans le domaine de l'informatique quantique et de la biomédecine. Pour la Chine, ce plan est une priorité. Son développement économique, technologique et industriel est en jeu face à une alliance occidentale menée par les États-Unis qui ne veut pas céder un iota de terrain.

Images | Ben Cheung

Plus d'informations | SCMP

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